Le contrat (Shinju Meigetsu)

Nous sommes le 30 Nîhol, il est environ 9h

Shinju était arrivé à Varsvajheim durant la nuit. Durant son voyage, il avait pu entendre nombreuses rumeurs sur la ville et ses alentours. Des histoires de malédictions et de démons. Il avait pu constater, de ses yeux, qu'une bonne partie d'entre elles étaient fondées. Les champs avaient des allures de marécages, les bêtes étaient amaigries et la traversée de la forêt, bordant la région de Varsvajheim, avait été des plus intrigante... Cela avait été comme si une sombre présence l'avait suivi durant l'ensemble de ce voyage forestier.

Quelques jours plus tôt, il avait reçu une lettre mystérieuse, l'invitant à la capitale Mälden pour un travail bien rémunéré. Il n'était guère utile de préciser quel genre de travail, puisque Shinju était un assassin et qu'il était de coutume qu'un assassin assassine. (je viens de gagner le prix de la phrase la plus idiote )

Le commanditaire n'avait pas révélé son identité dans la lettre... Tout du moins, il avait simplement signé d'un obscur nom : Cornelian (1) Sans aucun doute un pseudonyme. Les hommes prêts à payer une fortune pour la tête d'un ennemi ne donnait que très rarement leur réelle identité, par soucis de sécurité. Il aurait été dommage de devoir engager un second assassin pour liquider le premier, puis un troisième pour liquider le second, et ainsi de suite. Dommage et très couteux.

Shinju devait se rendre à environ 9h15 à l'auberge de la forêt de cristal, quelque part dans le coeur de la ville. En vérité, ce splendide lieu pour clients dépensiers n'était pas bien difficile à trouver et arriver à l'heure ne poserait guère problème. Il n'y avait pas réellement d'autre instruction, à part prendre une table dans le fond de la salle et attendre que ce nouvel employeur se présente, pour lui en dire plus sur son travail.

Le payement promis dans la lettre s'élevait à environ 400 pièces d'or, ce qui était une très belle prime au vu des prix pratiqués au sein du marché du meurtre.

(1) C'est un mot ayant la même racine que la corneille ^^

La forêt de cristal était une auberge comme les autres, ou presque. Sur le plafond était peint une forêt blanche et lumineuse. Les murs de la grande salle étaient droits, jusqu'à environ 2 mètres de hauteur. Arrivés là, il penchaient vers l'intérieur, comme pour former un toit, sur environ 1m50, et soutenaient le plafond. Sur ces petites façades se trouvaient collées une surface de miroirs, qui réfléchissaient la salle.

Shinju n'eut pas à attendre longtemps. La salle de l'auberge n'était pas excessivement emplie de clients et il n'eut aucun mal à remarquer un homme descendant un escalier à moitié dissimulé dans une zone d'ombre.

C'était un homme pour le moins étrange, de part son apparence, et pourtant seuls les étrangers se retournaient à son passage, comme s'il était un habitué de l'endroit. Ou de la ville. Si habitué que plus aucun habitant de la capitale ne s'étonnait de lui.

Il portait une cape d'hermine sur des habits de tissu précieux, en brocard noir et argenté. La coupe de sa chemise et de son pantalon n'étaient pas sans rappeler le style Alnden d'Edessa (1). Ce qui dans cette ville était un genre vestimentaire quasiment inexistant. Un masque de démon couvrait la partie supérieure de son visage. Les orbites en verre étaient rouge comme le sang, mais translucide. A sa taille, en partie cachée par sa cape, pendait une épée fine et longue.

L'inconnu s'était arrêté à la table de Shinju et s'y installa. Il n'engagea pour autant pas la conversation, se contentant de fixer l'assassin avec la placidité d'un chat guettant une petite souris. La noirceur de ses cheveux faisaient particulièrement ressortir son teint pâle.

(1) Faut bien suivre avec le monde du jeu, parce que si je dis "style chinois", ça ferait légèrement déplacé XD

Après une légère attente et une observation minutieuse des lieux, Shinju remarqua rapidement l'homme si dirigeant vers sa table. A l'aide de son pouce, il poussa le fourreau de sa lame, prêt à s'en servir à n'importe quel instant. Il remarqua que les gens s'étonnait de sa présence, mais beaucoup de monde ne s'en souciait pas. Etrange, serait-il de la cité, ou ce genre d'extravagance était-elle commune dans la capitale?

L'homme tira la chaise, s'installa paisiblement, joint les mains et reste immobile, fixant l'assassin. Ce dernier lacha la pression de son pouce, la lame se replaça dans le fourreau, et il croisa les bras, restant lui aussi silencieux. L'entourage guettait ces deux personnes, assises l'une en face de l'autre dans un silence pesant, avec curiosité et crainte. Shinju jetta un coup d'oeil bref, et tout le monde reprit son activité avec vitesse.

Les secondes passaient lentement, et personne ne prenait la parole, se contentant d'observer l'autre comme atteint de mutisme. Un serveur s'approcha, hésita, puis repartis, pensant la tâche à un de ces collège. Aucune personne sencé n'approcherai de pareils gens pensait-il.

Shinju sortit une lettre de'une poche, et plaça le coin au dessus d'une bougie, laissant brûler l'envellope doucement, puis il claqua des doigts avant que le feu ne puisse le toucher, laissant s'éparpiller les cendres devant lui, comme un mur entre lui et l'autre homme. Quand le dernier fragment gris se déposa sur la table, il pencha la tête de coté, comme un enfant curieux, et demanda naturellement:

" Vous avez quelconque lien avec Cornelian?"

L'homme resta toujours aussi stoïque quand Shinju brûla la lettre devant lui. Son regard restait rivé sur son visage et ne prenait aucunement attention au parchemin qui brûlait.

Lorsque Shinju posa sa question, l'inconnu eut un rapide sourire mais reprit son sérieux aussitôt. Sa main se tendit et balaya les cendres. Cela fait, il s'autorisa à répondre.

"Je n'envoie jamais de messagers à ma place," se contenta-t-il de répondre dans un premier temps. Sans doute pouvait-on prendre cela pour un oui. Sans doute l'assassin avait-il donc réellement Cornelian sous les yeux.

Il fit signe à un serveur et lui chuchota quelque chose à l'oreille, avant de reporter son attention sur Shinju.

"Vous êtes venu promptement. Pardonnez ma curiosité, mais est-ce par appat du gain ou soif du meurtre ? Ou bien... Autre chose encore ?" questionna-t-il en croisant les bras.

"Je n'envoie jamais de messagers à ma place,"

Apparemment, cet homme aimait faire les choses par lui-même, mais qui sait, un assassina était surement trop dangereux pour sa personne, que ce soit par manque de moyens ou par trop grande prise de risque. L'homme leva la main pour apeller un serveur et lui chuchota un mot à l'oreille, ce qui agaça légèrement Shinju. Il fronça les sourcils, fixant la bougie et essayant d'attraper chaque paroles qui se disait, mais il ne dicerna aucun mot, et quand la discssion fut finie, il repris son air patient et regarda l'homme dans les yeux.

"Vous êtes venu promptement. Pardonnez ma curiosité, mais est-ce par appat du gain ou soif du meurtre ? Ou bien... Autre chose encore ?"

L'assassin ne s'attendait pas à cette question, même si ce n'était pas la première fois qu'on la lui posait. Il passa une main dans ses long cheveux blanc avant d'annoncer d'un air ennuyé:

" Ni l'un, ni l'autre. Je cherche juste quelque chose. "

Il s'aretta là, laissant planer un leger froid et un doute malicieux. Il n'avait jamais répondu correctement à cette question, non pas qu'il voulait taquiner ses employeurs, mais juste par franchise envers lui-même. Il n'arrivait pas à savoir avec exactitude pourquoi il faisait un tel travail, mais il savait qu'il devait le faire. Point final.

Encore une fois, Cornelian se mit à sourire, comme si tout lui paraissait prétexte à une moquerie silencieuse. Il attendit quelques secondes dans le silence, tournant légèrement la tête lorsque le serveur revint avec deux coupes et un pichet d'hydromel. Il servit les deux hommes et Cornelian fixa son verre, d'un air que l'on pouvait estimer pensif malgré le masque qui lui cachait la moitié du visage.

"Mettons les choses au clair : je suis prêt à vous payer cher pour ce travail mais... Ne songez même pas à me trahir, quelle que soit l'offre qui vous soit faite."

Cornelian n'avait nullement dit cela d'un ton menaçant. Sa voix était calme et claire, dénuée de toute émotion. Comme s'il se contentait juste de donner un simple conseil.

"Votre cible est une personne très importante. Il ne sera pas facile de l'atteindre. Du moins par une voie normale. Heureusement, il ne s'agit pas d'un jour habituel. Peut-être avez vous entendu parler des épreuves ? Enfin, peu importe. Avez-vous du poison sur vous ?"

Après ces quelque phrases, Shinju pris un air méfiant. Mais au fond de lui, il n'était que vexé. Comment pouvait-on le sous-estimer à ce point? Il n'avait jamais rien raté, jamais fait de faux pas, il avait toujours servis avec ferveur, même un peu trop parfois. Et voila que cet homme s'adressait à lui d'une façon hautaine et suffisante, le considérant comme un débutant.

" J'ai exactement ce dont j'ai besoin pour mes tâches. Je parles aussi des vertus, j'ai de l'honneur et je suis bon valet, vous devriez le savoir, après tout, vous êtes genre d'homme à ne pas laisser s'échapper les détails. Maintenant, je sais ce que sont les épreuves, mais veuillez rapeller le plus important, que je comprenne clairement le rapport entre mes futures services, et cela. "

Shinju pencha sa tête sur le coté, s'éttirant la nuque légèrement engourdie, et resta fixé à Cornelian, ne jettant pas un regard sur l'hydromel fraichement servis. Il ne buvait jamais que du lait ou de l'eau, l'état d'ébriété n'étant pas de mise dans un travail comme le sien.

Alors que Shinju lui répondait, Cornelian prit son verre et le porta à ses lèvres. Ses doigts fins entouraient délicatement la coupe mais il avait les ongles longs et pointus, comme des griffes. Il dégusta le liquide doré lentement, on pouvait même affirmer qu'il sirotait plus qu'il ne buvait. Après avoir posé la coupe, il posa les mains à plat sur la table.

"Un homme a de l'honneur jusqu'à ce qu'on lui propose une offre vraiment alléchante. Je fais confiance en ce que je vois et non pas à une réputation colportée."

Il tendit à nouveau la main pour effleurer le bord de son verre de l'index.

"Les épreuves sont organisées pour trouver les meilleurs aventuriers de la ville et les envoyer combattre le mal qui sévit en ce moment. C'est le Sénéchal Sighild Runi qui en a eu la merveilleuse idée. Cela signifie que durant une journée, n'importe qui pourra accéder à la citadelle, y entrer sans subir le contrôle des gardes. Mêmes les voleurs et les assassins... Hors, votre cible se trouvera au sein de la citadelle... Vous comprenez ? Toutefois, vous serez malgré tout contraint à agir rapidement, d'où l'utilité du poison. Aussi aguerrie soit votre victime, le poison la terrassera."

Shinju restait muet, il avait décidé de ne pas lancer de débat, il en avait que faire de l'opinion de l'autre, tant qu'il lui donner du travail. Il avait l'air de penser qu'il tuait pour l'argent, mais non, il n'en était rien, et c'est pour cela qu'on le sous-estimait à presque chaque entrevue. On le considérait comme une personne instable prête à sauter d'un coté à un autre de la balance pour l'apât du gain. Après tout, cela lui permettait de pouvoir surprendre, alors non, débattre ne serai pas bienvenue.

Cornelian regarda l'assassin droit dans les yeux, avant de lui expliquer son travail. Mais plus il y pensait, plus Shinju avait un mauvais préssentiment. S'agissait-il vraiment d'un empoisonnement, ou allait-il lui aussi être mis à l'épreuve? De toute manière, pour ce travail là, il n'apporterai pas que du poison, mais aussi des ustenciles de mort légers et efficaces, comme son katana.

" Les gardes seront donc éparpillés. Je me suis procuré les plans, je sais donc parfaitement comment m'infiltrer. Pour cela, je ferai un état des lieux au moment voulu. Cependant, qui est la cible? Si je ne peut étudier ses habitudes ni ses prévisions, je ne risque pas d'empoisonner la bonne personne. "

Cornelian se mit à rire, mais pas d'une façon bruyante. La dernière question de Shinju l'avait apparemment amusé, allez savoir pourquoi.

"Eh bien, j'aurai pensé que vous auriez eu une petite idée sur l'identité de votre cible."

Il retrouva son sérieux aussi rapidement qu'il l'avait perdu et termina son verre d'hydromel. Sans doute parce qu'il prenait un malin plaisir à impatienter l'assassin.

"Il est clair que je ne vous demanderai pas d'user de poison s'il s'agissait de quelqu'un de facile à abattre. Je n'aurai même pas besoin de vos services, puisque n'importe quel assassin conviendrait. Mais ici la vitesse d'exêcution doit primer, un combat singulier serait perdu d'avance."

Il marqua encore une légère pause, puis reprit d'un ton plus bas :

"Sighild Runi s'est attiré bon nombre d'ennemis parmi la noblesse et ils payent cher pour la voir mourir. Voilà votre cible : le Sénéchal. Mais c'est un redoutable combattant. Non, combattante, devrai-je dire."